De tout temps. l’humain a cherché à s’expliquer l’univers dans lequel il était appelé à séjourner. Étudiant ce qui tombait sous ses sens, il s’est construit, selon l’époque et le lieu, divers systèmes, tentant d’agencer en un ensemble cohérent le monde auquel il faisait face. Si de nos jours, on le voit davantage canaliser ses efforts dans une voie que l’on pourrait qualifier de cartésienne, d’autres types de pensées ont néanmoins eu leur apogée au cours de l’histoire. Bon nombre d’entre elles découlent de traditions religieuses, traditions qui font partie du patrimoine de toutes civilisations car chaque civilisation a eu éventuellement recours à une explication magico religieuse pour réussir à calmer ses appréhensions face à l’univers qui l’entourait.
On remarque par ailleurs que dans la majorité de ces traditions, le son, le nom et, selon le cas, les lettres possédaient une importance remarquable pour ne pas dire primordiale. Via deux d’entre elles, à mon avis typiquement représentatives de la pensée mystique occidentale, je me suggère donc d’analyser phonétiquement le nom COZIC, histoire de pressentir ce que les «vieilles sciences» auraient pu nous enseigner sur ce nom.
La première est la Kabale (tradition Hébraïque) et ses dérivés;
La seconde est le système Runique (tradition Nordique qui rejoint les civilisations Vikings, Teutones et Germaniques, voire même Celtiques par la similitude du courant de pensée).
1/ COZIC
La Kabale et ses dérivés.
Les Kabalistes fondaient leurs analyses sur un système complexe de correspondances principalement basé, i sa source, sur un vieil écrit, le Sepher Yetsirah ou livre de la formation. Ils donnèrent ainsi un triple sens à leurs écrits, chaque lettre de (alphabet possédant via le système un sens en elle-même ainsi qu’une valeur numérique. Au cours des siècles, on a vu plusieurs autres courants de pensée venir puiser à même la Kabale. Il en résulta qu’au milieu de notre ère, certaines notions d’astrologie et notamment, le Tarot, pour n’en mentionner qu’unes, étaient devenues des domaines connexes au système Kabbalistique. Afin de pouvoir avoir accès à cette formidable table de correspondances, transposons dans un premier temps le nom COZIC en hébreux:
Le son (k) du C s’écrirait khaf, , onzième lettre de l’alphabet hébraïque;
le son (o) du O correspondrait à , sixième lettre du même alphabet;
le son (z) du Z devient zain, , septième lettre;
le son (i) du I serait yod, , dixième lettre:
et l’on revient à khaf, , pour le C final.
Ce qui nous donne , (hébreux s’écrivant de droite à gauche).
A/ Le selon certains auteurs, signifierait «paume»;
Le signifierait «crochet»;
le signifierait «arme»;
et le signifierait «main»;
II est intéressant de noter que tous ces mots contiennent une connotation manuelle, l’arme étant un outil, le crochet pouvant également être considéré comme une extension de la capacité manuelle.
À la lueur de ceci, on pourrait être tenté de lire la séquence COZIC comme suit:
- Dans un premier temps, on passe de la paume au crochet puis vient l’arme: «La paume se referme sur le crochet et en fait une arme».
- Dans un deuxième temps, on part de l’arme pour aboutir à la main puis revenir à la paume: «L’arme est lâchée, la main s’ouvre et laisse voir la paume à nouveau».
La paume, c’est l’essence de la main, son intérieur, son cœur;
le crochet sert à agripper, ramener à soi ce que l’on ne peut, faute de lui, atteindre;
l’arme, par sa nature, est appelée à poser une intervention brutale sur son entourage;
la main, c’est l’outil naturel de l’homme pour agir sur son environnement.
COZIC: Par le travail manuel et via des éléments appropriés «contre nature» intervient sur la matière et lâche prise pour ne retenir que l’âme de l’intervention.
B/ Les lettres possèdent aussi leur correspondance dans le ciel, chacune d’entre elles étant associée à une constellation. Toujours selon les mêmes auteurs:
est la constellation du Lion,
celle du Sagittaire (on lui associe aussi l’Aigle et Antinous, jeune homme de très grande beauté dans la mythologie grecque),
est la Grande Ourse et
est le Capricone.
Situons les lettres à leur place dans la voûte céleste et relions les dans l’ordre du nom par des lignes. On part du Lion (C initial) et l’on revient à lui (C final).
On obtient un polygone fermé et concave à quatre côtés. Deux «V» reliés en leurs extrémités s’imbriquent l’un dans l’autre, une de leurs lignes pouvant facilement, selon l’emplacement des points dans les constellations, se confondre, voire se croiser. Les triangles formés sont, géométrie oblige, ouverts dans la même direction mais possèdent leur pointe en des lieux différents (le Lion dans un cas, la Grande Ourse dans l’autre). De plus, le «V» ayant sa source dans le Lion semble encadrer le « V » de la Grande Ourse.
COZIC: Deux otiques ayant des sources différentes mais se rejoignant pour tendre vers une même orientation, l’une étant le fond, l’autre devenant la forme.
C/ Étudions maintenant ce que plusieurs Kabbalistes, se fondant sur le Sepher Yetsirah même, ont pu tirer des lettres composant le nom COZIC.
: force, premier ciel, premier mobile, première cause qui met en mouvement tout ce qui est mobile, la mission d’introduire à Dieu tous ceux qui doivent lui faire face, sourire de Dieu.
(Question personnelle: Dieu sourit-il à l’art?)
: épreuve, soleil, chœur des vertus, par leur ministère sont produits les minéraux et le règne minéral.
: victoire, justice, enfants d’Élohim (un des noms de Dieu), par leur ministère sont produits les plantes et le règne végétal.
: fortune, divin, royaume de Dieu, ici l’homme reçoit intelligence, industrie et connaissance.
La lettre laisse présager une action: ce qui peut être accompli le sera par le fait même de sa potentialité. Comme si «possible» signifiait «nécessaire».
Avec , on fait place à la matière dense (ce qu’évoque le règne minéral) qui impose ses lois et ses limites (épreuve).
(Note explicative personnelle: Le soleil est, on le sait, un formidable réacteur dans lequel sont synthétisés les premiers éléments, précurseurs de la création des premiers minéraux).
Sous , l’évolution se poursuit, la matière se fait plus complexe. Un début de vie s’ébauche (victoire), les interactions se subtilisent, se raffinent (justice). (Note explicative personnelle: La notion de justice en Kabale est plus pure que celle appliquée socialement. La justice est entendue ici comme «équilibre», retour parfait des choses. Rien ne se perd rien ne se crée, tout et entièrement tout étant considéré).Avec , on pénètre l’essence de l’homme. La conscience naît, l’optique humaine est. L’homme se retrouve armé, équipé, prêt à poser son action.
Et l’on revient à , la cause qui met en mouvement ce qui est mobile.
La synthèse suivante pourrait s’imposer.
COZIC: La nécessité d’agir et d’affronter la matière dans une primaire tentative de la modeler, de l’animer et d’en faire un témoin de l’optique humaine, optique appelée à devenir à son tour un premier mobile, un déclencheur de ce qui peut être déclenché.
D/ Lorsque l’on lit le nom COZIC (), on ressent l’envie de «boucler» le mot.
Comme si la répétition d’une même lettre ne pouvait qu’être la marque d’un début et d’une fin; comme si cela présageait plutôt un cycle (avec reprise du paramètre, reprise de la séquence).
Il s’agit là d’un procédé bien connu dans l’étude du Tarot. Bouclons donc la boucle et poursuivons le travail analogique.
Situons les cartes en croix, à la manière du Tarot:
au Tarot est la carte de la Force (le Lion dompté);
est l’Amoureux (le choix, les deux routes);
est le Chariot (le conquérant, l’exploration de nouvelles terres);
est la Roue de Fortune (le destin, le karma).
Par réduction gématrique (11 + 6 + 7 + 10 = 34; 3 + 4 = 7) on obtient le 7, , l’arcane du Chariot.
Notons au passage que la surimpression du final et initial (11 + 11= 22) donne l’énigmatique arcane du Fou qui laisse planer sur le nom COZIC un vent d’incohérence, d’abstraction, mais aussi de fonte dans l’universel.
L’individu est: capacité de forger l’environnement à sa volonté.
L’environnement est: choix, opportunité, ambivalence entre les routes à suivre.
L’élément décisif est: goût d’affronter, espoir de conquérir.
Le résultat est: l’engrenage, l’enchaînement, la progression inexorable des événements.
Ce qui en ressort: le retour aux nouvelles conquêtes.
COZIC: Malgré la confrontation perpétuelle à de nouvelles orientations, la volonté d’adapter la matière à soi, mû par une prédilection des sentiers non battus, lévolution de la vie devenant le moteur, le carburant, voire le thème même de cette quête sans finalité.
2/ COZIC
Le système Runique
Les peuples Nordiques auraient, eux aussi, doté leur alphabet (Futhark) de sens «à paliers», chaque lettre illustrant un volet de leur enseignement mystique, la clé en étant des écrits de base. L’Edda mis à part, les plus symptomatiques de ces textes apparaissaient sous forme de poèmes accordant une strophe à chaque lettre.
Mais contrairement à (alphabet hébraïque qui fut conservé intact par l’orthodoxie et la rigueur des Rabbins, le Futhark, lui, a beaucoup évolué et s’est transformé au cours des âges, s’adaptant aux lieux, se modelant au gré des hommes qui l’utilisèrent. Ainsi le vit on se charger de nouveaux caractères pour s’en départir de quelques-uns ensuite, oscillant entre 7 et 33 lettres.
Malgré cela, une certaine unité régnait, le message profond restant le même, un signe pouvant subdiviser ou englober le sens d’un autre selon le système.
Je travaillerai donc à l’aide du Futhark le plus clair, le mieux connu et le plus étudié, le Futhark germanique commun contenant 24 Runes.
Maintenant, transposons phonétiquement le nom COZIC en runes:
Le C devient ken, ᚲ ;
Le 0 devient odal, ᛟ ;
Le Z devient, selon la majorité des auteurs, oelh, ᛉ
et le I devient is, ᛁ
On obtient ᚲᛟᛉᛁᚲ .
A/ Chaque rune représente un concept. J’amorcerai donc l’étude runique de ᚲᛟᛉᛁᚲ en dégageant des «mots clés» pour chaque lettre.
ᚲ : – force créatrice, faculté de modeler, rune de la créativité;
- feu (Avec la glace, une des forces jumelles créatrices de l’univers selon les peuplades Nordiques. Le feu défait la matière, libérant ses composants dans le but d’une restructuration ultérieure.), dissolution nécessaire à la reconstruction, racine de la connaissance technologique;
- aptitude, virtualité, pouvoir, habileté, énergie orientée, récupération.
(Note personnelle: il est intéressant de souligner que sous ces aspects, ken rejoint en bien des points khaf, son homologue phonétique dans l’alphabet hébraïque.)
ᛟ : – possession, pouvoir immobile, aide, don, héritage, ce que l’argent ne peut acheter, patrimoine, richesse nécessaire à la survie.
ᛉ : – attirance de l’homme pour le divin, tentations contournables mais inéluctables, attraction;
– arc en ciel, pont, l’expérience acquise utilisée.
ᛁ : – contraction, condensation, force concentrée, inertie de l’univers;
– glace (Seconde force créatrice. La glace cristallise, reconstruit à (aide de ce qu’a dispersé le feu. Dans le mythe Viking, c’est la rencontre du feu et de la glace qui rend la création possible);
– changement d’état, volonté, problématique orientant l’énergie. Et l’on revient à ᚲ
De prime abord, on voit se détacher un processus créateur en deux temps.
Le premier volet est sous le signe du feu (ᚲ), la séquence étant ᚲᛟ : Une habileté, une énergie créatrice. s’accumule avec le temps et via les actions devenant énergie inhérente, sorte d’assise, de patrimoine personnel, appelé à servir de bornes et de points de repère.
Puis, avec ᛉ, il y a transition: Une séduction naît, une attraction s’exerce, un besoin d’action, ,en fonction de ce qui est, se fait sentir.
Le second volet est sous le signe de la glace (ᛁ), la séquence étant ᛁᚲ
La matière est forgée, l’idée (énergie fluide: E) se formalise, se cristallise sous forme d’objet (énergie dense; M: E MC2) Et la création, plus qu’être témoin de l’habileté créatrice, est, en fait, énergie en elle-même puisqu’elle devient le moteur, le coup d’envoi pour la poursuite du processus.
Il s’agit donc, outre d’un procédé en deux temps, d’un procédé créateur cyclique dans la mesure où l’essence de chaque création devient la connaissance nécessaire à la création suivante.
B/ Je baserai le second volet de l’étude runique sur son aspect folklorique en essayant de dégager un sens pour chaque rune selon, d’une part les strophes de poèmes s’y rattachant et d’autre part, les concordances faites par certains auteurs avec le cycle arthurien.
Ken (ᚲ): | «La torche est une flamme vivante, Pâle et brillante. Elle éclaire lorsque se réunissent les gens De noble lignage. » |
poème runique anglo saxon | |
«C’est le feu qui est le meilleur Pour les fils des hommes, Et le spectacle du soleil.» |
|
Havamal |
Dans le cycle arthurien:
Arthur devenant roi sans l’avoir voulu. La rune ken est considérée comme étant de caractère masculin.
Il y a donc intervention d’une force bienfaitrice et instructrice, voire initiatrice (le feu, la torche) sur un récipiendaire quasi passif (l’homme, Arthur), le résultat en étant le passage de ce dernier à un état autre et meilleur.
Il s’agirait, en fait, du fameux circuit involution/évolution: descente d’énergie sur un individu dont résulte l’élévation de l’individu.
Ken (ᚲ), c’est finalement l’inspiration créatrice.
Odal (ᛟ): « La maison est chérie par chacun
S’il y prospère facilement
Et jouit de fréquentes récoltes. »
poème runique anglo saxon
Dans le cycle arthurien:
Camelot, le palais du roi Arthur, le lieu de la table ronde.
Cette rune symbolise donc l’espace sacré et protégé, le lieu où l’on retourne chargé du butin de ses aventures. Mais ce n’est pas un havre d’oisiveté. Il se doit d’être un peu comme la terre qui couvre la graine et permet sa germinaison.
Odal (ᛟ) serait donc une sorte d’usine personnelle voire un atelier.
Eolh (ᛉ): «La laîche pousse dans les marais
Et fleurit dans l’eau.
Elle brûle le sang de quinconque la touche. »
poème runique anglo saxon
Dans le cycle arthurien:
Galahad, le fils parfait de Lancelot, un de ceux qui parachèveront la quête du Graal. La rune eolh est considérée comme étant de caractère féminin.
Il y a donc croissance mais cette croissance n’est pas sans danger. Une grande prudence sera nécessaire mais aussi une grande confiance car la croissance ne se fera pas sans sacrifices. Et les sacrifices s’effectueront dans l’espoir d’une amélioration, dans le but de mieux tendre vers la cible.
Is (ᛁ): «La glace est froide et glissante.
Il étincelle comme du verre ou du diamant,
Le champ couvert de givre. »
poème runique anglo saxon
«La glace, nous l’appelons le large pont,
Un aveugle a besoin d’être conduit.»
poème runique norvégien
Dans le cycle arthurien:
La garde dExcalibur.
L’idée se cristallise, devient matière et obtient sa forme; l’œuvre est créée. Elle est à double tranchant car si un de ces aspects semble séduire («Il étincelle le champ…») et appelle le respect («… comme du verre ou du diamant…») voire l’inviolabilité («… Le champ couvert de givre. »), un autre semble soulever la controverse («La glace… est glissante… »).
Mais le résultat n’en demeure pas moins satisfaisant car, étant récipiendaire immuable d’une idée (la garde d’Excalibur), il pourra éventuellement agir comme balise, comme repère pour quinconque voudra en faire usage («… nous (appelons le large pont…»); cela s’appliquant d’ailleurs à toute oeuvre artistique.
Et c’est le retour à l’inspiration créatrice, ken.
La synthèse pourrait se lire comme suit.
COZIC: Une activité masculine qui, mue par L’inspiration créatrice, conçoit la matière pour se voir ensuite confrontée, lors de la création, à une activité féminine qui impose une remise en question, sacrifiant certains éléments au profit d’autres et dont résultera l’élaboration d’une oeuvre séduisante mais provocante.
Ainsi s’achève mon étude phonétique du nom COZIC, la conclusion pouvant s’obtenir par la relecture successive des paragraphes en italique terminant chaque section de l’analyse.
NADJA